Nicolas Laugero Lassere, ART 42 ©ABK |
Je me souviens de tes débuts de collectionneur de street art, il y a quelques années. Tu avais d’ailleurs fait une exposition à l’espace Pierre Cardin avec des pièces de quelques piliers du genre. Qui t’a initié et comment cette passion est-elle née ?
J'ai eu une la chance à 20 ans quand je suis arrivé à Paris, d'habiter la butte aux cailles, un quartier du 13ème arrondissement de Paris près de la Place d'Italie. Les murs étaient remplis d'œuvres de street artistes.
J'ai rejoint deux ans plus tard l'espace Pierre Cardin et c'est un nouvel accès à l'art qui s'est opéré pour moi. J'ai acheté ma première œuvre en 1998 lors d'une vente aux enchères Caritative au profit de l'association la source de Garouste. C'était un pochoir de Miss.Tic !
Ensuite Magda Danysz (galeriste parisienne, ndr) a été un mentor et m'a fait découvrir l'ampleur du mouvement.
Quel
est ton parcours, comment en es-tu arrivé à créer ce Musée de l’art urbain à
Paris?
J'ai d'abord était passionné d'art et de
street art, puis en 2008, j'ai présenté la première exposition de ma jeune
collection. S'en est suivi 40 expositions pendant près de 10 ans et plusieurs
commissariats ces dernières années. Art42 est donc véritablement l'aboutissement d'un parcours de collectionneur avec 150 œuvres et installations exposées de plus de 50 artistes sur 4000 m2.
ART
42 se veut le premier Musée de street art en France, il en pousse de par le
monde depuis peu, pourquoi faire un Musée du street art ( quelles sont tes
motivations), et pourquoi maintenant ?
Il s'agit de montrer un grand panorama de
cette scène artistique qui passionne tellement de gens. À la fois le travail
d'atelier de ces artistes mais aussi des murs et installations sur les parois
de l'école.
Pourquoi
le créer au sein d’une structure aussi particulière ? Ce Musée est bien
atypique. Explique-moi un peu les accointances entre 42 et Artistik Rezo/ ta
collection d’art ?
J'ai été fasciné par l'énergie de cette ecole
à sa création en 2013. J'ai tout de suite proposé de m'y associer et d'apporter
un accès à la culture aux étudiants. Là encore, le projet Art 42 est l'aboutissement de plus de 3 ans de collaboration.
L’exposition
montrée pendant la Nuit Blanche fait dialoguer art urbain et art numérique.
C’est aussi ma préoccupation majeure dans mes propres recherches et travaux
artistiques. Mais cela reste une pratique encore naissante, presque
artisanale, aussi je me demande ce qui a motivé ce choix ? Est-ce la
promiscuité avec l’esprit de 42 ?
Oui exactement. C'est aussi l'association du
futur architecte de NOC42 avec un artiste du numérique Christian
Delecluse. L'idée à donc été de monter un événement ensemble en croisant les courants artistiques. Nous avions un véritable ADN commun, générationnel et subversif.
Cette
collection que tu crées méticuleusement depuis des années, comment l’as-tu
abordée, comment a-t-elle évolué au fil du temps et qu’en espères-tu pour le
futur ?
J'ai vraiment tout appris en la faisant. Je ne
venais pas de ce milieu. Ces dernières années, j'ai essayé de me concentrer sur
de grandes œuvres de plus grandes tailles afin de faciliter la
monstration. JonOne, école 42, ART 42 ©ABK |
Le Musée est gratuit et ouvert à tous depuis la nuit Blanche, est-ce que c’est pour conserver l’idée que le street art est accessible à tous, puisque sa place est dans la rue ? Nous sommes à près de 20 000 visiteurs en moins d'un mois. J'ai toujours pensé qu'il fallait respecter l'ADN du mouvement : la gratuite et l'accessibilité, son côtés militant.
Je
suis venue voir chaque étape de la création de ce projet atypique. Je voulais
te demander d’expliquer la façon dont tu vois l’idée de ce musée
contemporain ?
C'est l'idée d'amener le musée dans une
école. De mettre le musée au coeur des jeunes et de ceux qui en ont le plus
besoin.
Que
réponds-tu aux détracteurs de la première heure qui ne supportent pas l’idée
que le graffiti et l’art urbain quittent la rue ( les murs), son habitacle
naturel ?
Depuis le début du graffiti dans les années
70 à New York jusqu'au années 80 en France avec la naissance du street art, les
artistes ont toujours eu un travail d'atelier, sur toile et sur support. Rien
de nouveau donc. Simplement l'émergence d'un marché important, ce qui n'était
pas le cas au début.
Quelles
pièces te rendent le plus fier de cette collection et pourquoi ?
Surtout de grands formats d'artistes
importants. J'ai été bien conseillé il y a plusieurs années pour concentrer ma
collection sur quelques grandes œuvres plutôt qu'une multitudes de petites
pièces. C'est ce qui me permet aujourd'hui de montrer un ensemble
cohérent. Je pense à particulier à Swoon, Shepard Fairey, Evol, Dran, Gris1, Madame, les Monkey Bird...
Après
ce parcours riche en expositions itinérantes et en aventures pionnières, que te
reste-t-il à accomplir dans la sphère de l’art urbain?
J'ai le sentiment de n'être encore qu'au
début de l'aventure de ce mouvement. Nous avons encore certainement de beaux
projets et de grands moments à vivre...
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